Décidément, le bonheur n’est pas pour nous

À choisir, mourrons-nous tous ensemble des effets du réchauffement climatique ou de la pandémie du coronavirus (qu’il faut bien appeler par son nom) ? L’annonce d’une nouvelle catastrophe ne surprend pas et les médias n’ont pas tardé à s’en emparer, propageant une angoisse qui ne demande qu’à être alimentée.

Ce nouvel épisode a pris à contrepied les milieux d’affaires, qui dans un premier temps ont manifesté leur insouciance. La cloche de la Bourse a retenti, n’annonçant pas la fin de la séance mais la montée d’une crise d’anxiété chez les investisseurs, en d’autres termes les créditeurs d’un système de plus en plus débiteur. Et si la propagation du virus, après avoir brutalement paralysé une partie de la production chinoise, atteignait davantage l’économie mondiale qui est déjà en petite forme ? À nouveau, les économistes se tâtent fébrilement pour savoir où ils ont été touchés. Et le gouvernement italien, qui ne perd pas le nord, demande à la Commission de faire preuve de souplesse, en raison des mesures de protection sanitaire qui affectent son économie.

Les effets conjugués de la baisse de la demande chinoise et de la rupture des chaînes d’approvisionnement des grandes compagnies internationales sont tardivement reconnues. À ce jeu, la mondialisation pourrait se gripper si le Parti-État ne parvient pas à maitriser la situation. Or, comment évaluer la progression des atteintes du virus et le degré de fragilité du tissu économique chinois sous le règne d’une telle opacité ? Le régime se raidit, ne donnant pas le signal d’une parfaite maitrise de la situation.

La prise de conscience de ce nouveau risque a pris son temps, ceux qui en pressentaient les effets se gardant bien de lancer l’alarme, n’ignorant pas la fragilité de l’édifice sur lequel repose leur activité et ne souhaitant pas pointer du doigt la Chine. Donald Trump a donné le la en saluant le « professionnalisme » dont elle fait preuve dans la gestion de la crise sanitaire.

Cette fois-ci, les banques centrales ne seront pas le dernier recours habituel, leur assurance ne couvrant pas ce nouveau risque. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas le pouvoir de la Fed ou de la BCE, et celles-ci semblent bien démunies, même si elles actionnent leurs outils « non conventionnels », leurs marges de manœuvre désormais rétrécies. La grande fragilité d’un système qui repose sur leur attelle permanente se confirmera. Leurs dirigeants se tuent à répéter qu’ils ne peuvent pas tout, mais ils ne sont pas entendus car un miracle en est toujours attendu.

Une bonne nouvelle toutefois, la reconnaissance faciale est inopérante quand le port du masque se généralise !

4 réponses sur “Décidément, le bonheur n’est pas pour nous”

  1. La « science » économique se trouve soudainement confronté à l’ irrationalité des peurs du moyen-age . Preuve encore que l’ absence d’éducation scientifique combinée à la propagande néo-libérale ne produisent pas des consommateurs rationnels qui mènent le « système » à l’ équilibre . Mais peut-être n’est-ce pas le but .

  2. « Une bonne nouvelle toutefois, la reconnaissance faciale est inopérante quand le port du masque se généralise ! »

    Au moins vous ne perdez pas votre humour et cela fait du bien en ces journées maussades, maussades pas uniquement au sens météorologique du terme …
    Un métier va renaître : portier.
    Trop dangereux de taper son code sur une platine contaminée permettant d’accéder aux immeubles équipés !!

  3. Bravo François pour cette touche d’ironie cinglante en fin de billet. J’ai beaucoup apprécié.
    Je pense aussi au cas de Hong-Kong, où les autorités avaient interdit le masque pour cause de manifestations intempestives, pour désormais l’encourager, sinon le rendre obligatoire.
    Une dictature aussi élaborée soit-elle ne prévoit jamais tous les cas possibles car elle a peu d’imagination et raisonne toujours dans le cadre qu’elle impose.

    Nous ne sommes sans doute pas au bout de nos surprises, bonnes et mauvaises. Si au moins les conséquences en cascade de la crise du coronavirus pouvaient provoquer un aggiornamento de la mondialisation inégalitaire et destructrice et jusqu’ici sans frein …

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